Le marché immobilier en Bretagne fascine depuis plusieurs années : authenticité des paysages, littoral préservé, dynamisme économique régional et accessibilité par le TGV depuis Paris. Mais face à la flambée des prix dans certaines stations balnéaires, une question se pose : est-il encore temps d’acheter sur le littoral breton ?

Un littoral breton sous haute tension immobilière
Des prix records dans les stations emblématiques
À l’image de Saint-Malo, Dinard ou La Trinité-sur-Mer, le littoral breton a vu ses prix s’envoler ces dernières années. Le prix moyen à Saint-Malo dépasse aujourd’hui les 5.000 €/m², et grimpe à 10.000 voire 11.000 €/m² pour un appartement avec vue sur la plage du Sillon. À Saint-Briac-sur-Mer, les prix atteignent même 12.000 à 14.000 €/m² pour les biens les plus rares.
À La Trinité-sur-Mer, destination prisée des plaisanciers, le prix moyen du mètre carré se situe autour de 6.487 €/m², faisant de cette commune l’une des plus chères de Bretagne.
Ces niveaux rapprochent la côte bretonne de marchés de prestige comme la Côte basque ou certaines stations de la Côte d’Azur, preuve que la demande pour un bien en bord de mer reste très forte malgré la conjoncture économique.
Des contrastes saisissants
À l’opposé de ces prix astronomiques, certaines communes du Finistère nord restent très abordables. Plounévez-Lochrist, par exemple, affiche un prix moyen de seulement 1.481 €/m². Cet écart de presque 1 à 10 entre les zones les moins chères et les plus prestigieuses illustre la grande hétérogénéité du marché breton.
Les signes d’un redémarrage après une période d’attentisme
L’impact des taux d’intérêt
Comme partout en France, la Bretagne a connu un ralentissement du marché entre 2022 et 2024, lié à la hausse brutale des taux d’emprunt. Les acheteurs se sont montrés plus prudents, tandis que les vendeurs ont dû revoir leurs prétentions.
Mais en 2025, la tendance s’inverse : avec la baisse progressive des taux d’intérêt et la stabilisation du marché, on observe un net regain d’activité.
Selon les notaires, le printemps 2025 a été beaucoup plus dynamique que celui de 2024, avec un nombre de compromis de vente en forte hausse.
La baisse des prix comme moteur
La correction des prix a également facilité ce redémarrage. Entre 2023 et 2025, les prix des stations balnéaires bretonnes ont reculé en moyenne de 3,6 %, contre -1,8 % dans l’ensemble de la région.
👉 Exemple : sur le littoral entre Morieux et Lancieux (Côtes-d’Armor), le prix médian d’une maison ancienne a chuté de 10,4 % en un an, pour atteindre 300.000 euros.
Même dans des zones prisées comme la Côte d’Émeraude, les prix ont reculé de près de 5 %, ce qui redonne un peu d’oxygène aux acheteurs.
Pourquoi de tels écarts selon les secteurs ?
Le rôle des infrastructures
Les communes bien desservies par le TGV (Saint-Malo, Vannes, Rennes à proximité) attirent une clientèle parisienne et rennaise au pouvoir d’achat élevé. La facilité d’accès fait grimper mécaniquement les prix.
L’économie locale comme facteur clé
Certaines villes côtières, comme Lannion, bénéficient d’un tissu économique solide (industrie des télécoms, présence d’ingénieurs), ce qui soutient la demande immobilière locale et tire les prix vers le haut.
L’effet de rareté
Le littoral breton est une zone géographiquement limitée. La pression foncière est forte, les terrains constructibles rares, et la demande ne faiblit pas. Résultat : même si les prix reculent légèrement, ils se maintiennent à des niveaux élevés dans les secteurs les plus recherchés.
Le risque du trait de côte : un facteur encore sous-estimé
La Bretagne est en première ligne face au recul du trait de côte. Sur les 250 communes françaises concernées, 93 se situent en Bretagne, dont 52 dans le Finistère. La démolition récente de maisons menacées par la submersion à Tréffiagat-Léchiagat a rappelé la réalité de ce risque.
Pourtant, selon les professionnels, la majorité des acquéreurs ne prennent pas encore en compte cette donnée lors de leur achat. À long terme, cela pourrait bouleverser le marché, en réduisant la valeur de certains biens très proches de la mer.
Où acheter encore à prix raisonnable ?
Pour les acquéreurs prêts à s’éloigner légèrement des stations phares, il existe encore de belles opportunités :
- En Ille-et-Vilaine : cap à l’est, vers Le Vivier-sur-Mer (≈ 2.200 €/m²) ou le bassin du Coglais. Proximité du Mont-Saint-Michel et prix encore attractifs.
- Dans le Morbihan : oublier Carnac ou La Trinité, et privilégier les extrémités du golfe, comme Riantec ou Damgan.
- Dans les Côtes-d’Armor : les alentours de Binic ou Erquy offrent encore un bon rapport qualité-prix, bien que la demande reste soutenue.
- Dans le Finistère : le sud (Concarneau, Quimperlé) connaît une forte attractivité, mais le nord propose encore des prix accessibles, notamment du côté de Plouescat ou Cléder.
Résidences secondaires vs résidences principales
Une spécificité du littoral breton : une maison sur cinq est acquise par un ménage non breton. La proportion de résidences secondaires y est donc élevée, en particulier sur la côte d’Émeraude et dans le golfe du Morbihan.
Cependant, contrairement à la Côte d’Azur ou au Pays basque, la Bretagne reste encore peu touchée par les acheteurs étrangers. Le marché est donc majoritairement porté par des Français, souvent originaires d’Île-de-France ou de Rennes.
Perspectives : faut-il acheter maintenant ?
Les arguments pour acheter en 2025
- Baisse des taux d’intérêt : une fenêtre de tir favorable pour emprunter.
- Correction des prix : bien que limitée, elle a permis de rendre accessibles certains biens qui ne l’étaient plus.
- Valeur refuge : l’immobilier en Bretagne reste attractif, notamment pour les ménages cherchant une résidence secondaire au bord de la mer.
Les arguments pour attendre
- Incertitudes économiques : une reprise trop timide pourrait encore peser sur les prix dans certains secteurs.
- Érosion côtière : ce facteur risque de prendre de l’importance et d’impacter la valeur de certains biens exposés.
- Fiscalité locale : l’augmentation des droits de mutation (frais de notaire) pourrait peser sur le coût global des transactions.
Pour conclure : un marché toujours attractif mais sélectif
Alors, est-il déjà trop tard pour acheter sur la côte bretonne ? La réponse est non, mais pas n’importe où.
- Dans les stations balnéaires emblématiques comme Saint-Malo ou La Trinité-sur-Mer, il faut accepter de payer très cher pour des biens rares.
- En revanche, en s’éloignant légèrement des grands pôles touristiques, il reste de belles opportunités, avec des prix deux à trois fois inférieurs.
- Pour l’investisseur ou le particulier, la clé est d’anticiper : proximité des infrastructures, potentiel de location saisonnière, risques liés au climat.
La Bretagne demeure l’un des littoraux français les plus accessibles et attractifs, à condition de bien cibler son secteur d’achat et de se projeter sur le long terme.
 
				 









