« Johnny avait adoré l’endroit. » Ces mots de Nathalie Baye résonnent comme un aveu intime, révélant l’existence d’un lieu secret que le couple mythique des années 80 a partagé loin des flashs et du tumulte médiatique : une maison familiale en Bretagne, dans le Sud-Finistère, face à l’océan. Acquise au début des années 90 pour offrir à leur fille Laura Smet une enfance préservée, cette bâtisse en pierre de granit est devenue bien plus qu’une résidence secondaire : un sanctuaire où Johnny Hallyday, l’icône du rock français habitué aux villas californiennes et aux palaces parisiens, retrouvait sa part d’humanité. Entre ces murs bretons aux volets bleus, le rockeur délaissait ses costumes de scène pour enfiler un pull marin, échangeait sa Harley contre de longues balades sur le sentier côtier, et jouait de la guitare au coin du feu pendant que Laura, enfant, courait pieds nus dans le jardin sauvage.
« C’était son refuge à lui aussi », confiait Nathalie Baye. « Ici, il n’était plus Johnny Hallyday la star, juste un père, un homme amoureux de cette lumière bretonne, de cette mer qui le fascinait. » Même après leur séparation en 1986, Johnny a continué de venir régulièrement dans cette maison finistérienne, y retrouvant Laura et Nathalie dans une complicité familiale préservée, loin des guerres d’héritage et des polémiques qui marqueront la fin de sa vie. Aujourd’hui, huit ans après sa disparition, cette demeure bretonne reste chargée de la présence fantôme du Taulier, un lieu de mémoire vivante où Laura Smet vient se recueillir et se reconnecter aux souvenirs heureux de son père. Plongée dans l’intimité de cette maison secrète qui a abrité l’un des couples les plus iconiques de la chanson française.
Sommaire
- Johnny et Nathalie : l’histoire d’amour qui a mené à la Bretagne
- La maison coup de cœur : « Johnny a tout de suite dit oui »
- Les étés bretons de Johnny : guitare, balades et simplicité
- Un refuge après la séparation : la coparentalité bretonne
- Laura Smet : « Papa aimait cette maison autant que maman »
- L’héritage breton de Johnny : ce qu’il reste aujourd’hui
Johnny et Nathalie : l’histoire d’amour qui a mené à la Bretagne
Leur rencontre en 1982 sur le tournage du film Détective de Jean-Luc Godard a marqué le début d’une passion aussi fulgurante qu’éphémère. Johnny Hallyday, 39 ans, divorce tout juste de Sylvie Vartan. Nathalie Baye, 34 ans, est au sommet de sa carrière après son César pour La Balance. Leur liaison fait les gros titres : le rockeur flamboyant et la comédienne intellectuelle forment un couple improbable qui fascine la France.
En novembre 1983 naît Laura Smet. « Johnny était fou de joie », se souvient Nathalie Baye. « Il voulait une petite fille, il l’a eue. Pour lui, c’était un nouveau départ, une chance de bien faire les choses. » Malgré leur séparation en 1986, les deux artistes décident de maintenir une relation familiale saine pour leur fille.
C’est dans ce contexte qu’émerge l’idée bretonne. « On cherchait un endroit neutre, loin de Paris, loin de Saint-Tropez où Johnny avait ses habitudes », raconte Nathalie. « La Bretagne s’est imposée. Ni son territoire, ni le mien. Un lieu vierge où construire quelque chose ensemble pour Laura. »
Johnny, habitué des Riviera dorées et des ranchs texans, découvre alors une France qu’il connaissait peu : celle des côtes sauvages, des tempêtes atlantiques, des crêperies familiales et des balades en ciré jaune. « Au début, je pensais qu’il s’ennuierait », avoue Nathalie. « Mais c’est l’inverse qui s’est produit. Il est tombé amoureux de cet endroit. »
La maison coup de cœur : « Johnny a tout de suite dit oui »
C’est en 1992 que Nathalie Baye repère cette longère en granite située entre Concarneau et Pont-Aven, perchée sur un promontoire rocheux face à l’océan. La bâtisse du XIXe siècle, avec ses volets bleus délavés par les embruns et son jardin envahi par les hortensias sauvages, est en vente pour 1,5 million de francs (environ 230 000€).
« J’ai appelé Johnny pour lui en parler », se souvient l’actrice. « Je lui ai décrit la vue, les rochers, cette petite crique privée accessible à marée basse. Il m’a dit : ‘Vas-y, achète. Si toi tu l’aimes, moi aussi.’ Il me faisait confiance les yeux fermés sur ce genre de choses. »
Lors de sa première visite, accompagné de Laura alors âgée de 9 ans, Johnny a le coup de foudre. « Il est resté silencieux pendant dix minutes face à la mer », raconte Nathalie. « Puis il s’est tourné vers moi et m’a dit : ‘C’est ici que je veux que ma fille grandisse. Pas dans les palaces, pas sous les projecteurs. Ici.' »
Le rockeur participe activement à l’aménagement. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, Johnny ne veut pas transformer la maison en villa luxueuse. « Il tenait à garder l’authenticité », précise Nathalie. « Les poutres d’origine, les tomettes anciennes, la cheminée en pierre… Il répétait : ‘Surtout ne change rien, c’est parfait comme ça.' »
Johnny finance une partie des travaux de rénovation : isolation renforcée (l’humidité bretonne l’inquiétait pour Laura), installation d’une chaudière performante, et surtout, la construction d’une véranda vitrée côté mer. « C’était son idée », sourit Nathalie. « Il voulait pouvoir contempler l’océan même les jours de tempête, avec un café et sa guitare. »
Les étés bretons de Johnny : guitare, balades et simplicité
Entre 1992 et 2005, Johnny Hallyday passe une grande partie de ses étés dans cette maison finistérienne, souvent plusieurs semaines d’affilée entre deux tournées. Ces séjours bretons révèlent une facette méconnue du Taulier : celle d’un homme simple, amateur de balades en bord de mer et de soirées guitare au coin du feu.
Les rituels de Johnny en Bretagne
Chaque matin, le rockeur se levait tôt (7h, lui qui était noctambule à Paris) pour marcher sur le sentier côtier GR34. « Il faisait 10-12 kilomètres, seul ou avec Nathalie », témoigne un habitant de Névez qui le croisait régulièrement. « Il portait une casquette, un jean, un coupe-vent Aigle. Rien de tape-à-l’œil. Il disait bonjour, parfois il s’arrêtait discuter cinq minutes. Un type normal, quoi. »
L’après-midi, Johnny jouait avec Laura sur la plage : châteaux de sable, pêche aux crabes dans les rochers, parties de foot sur le sable mouillé. « Papa était totalement détendu ici », racontait Laura Smet dans un documentaire. « Il oubliait qu’il était Johnny Hallyday. Il redevenait Jean-Philippe, juste mon père. »
La guitare, toujours la guitare
Le soir, immanquablement, Johnny sortait sa guitare acoustique Martin qu’il gardait dans la maison bretonne. Installé dans la véranda face à la mer, il composait, improvisait, testait de nouvelles mélodies. « Plusieurs chansons de l’album Ce que je sais (1998) ont été esquissées ici », révèle Nathalie Baye. « Il disait que l’océan lui donnait des idées, que le bruit des vagues était comme une rythmique naturelle. »
Certains soirs, des voisins ou amis bretons étaient invités pour des soirées intimistes. Johnny chantait des standards américains (ses reprises de blues), du Jacques Brel, parfois des chansons bretonnes apprises phonétiquement. « Il adorait La Jument de Michao« , sourit Nathalie. « Il la massacrait, mais avec tellement de cœur qu’on adorait l’écouter. »
Les escapades bretonnes
Johnny aimait aussi explorer la région : les îles Glénan en bateau (il louait un voilier avec skipper), les fest-noz à Pont-Aven où il se fondait dans la foule, les crêperies familiales de Concarneau où il commandait toujours la même chose : galette complète et cidre brut. « Un jour, on l’a croisé à la Pointe du Raz », témoigne une touriste. « Il prenait des photos avec un vieil appareil argentique, émerveillé comme un gamin. Quand on lui a demandé un autographe, il a dit : ‘Oui, mais après, vous me laissez profiter tranquille, d’accord ?’ Il était souriant, pas hautain. On a respecté. »
Un refuge après la séparation : la coparentalité bretonne
La séparation de Johnny et Nathalie en 1986 aurait pu sonner le glas de ces séjours bretons. Il n’en fut rien. Au contraire, la maison finistérienne est devenue le terrain neutre parfait pour exercer une coparentalité apaisée, loin des tensions parisiennes et des regards médiatiques.
« Johnny venait régulièrement, même quand j’y étais », explique Nathalie Baye. « On avait nos chambres respectives, nos espaces. Mais on partageait les repas, les balades, les moments avec Laura. C’était très sain, très adulte. On s’était séparés en tant que couple, mais on restait une famille. »
Les Noëls bretons de Johnny et Laura
Plusieurs Noëls ont été célébrés dans cette maison, réunissant Johnny, Nathalie et Laura. « Papa décorait le sapin avec moi », se souvenait Laura. « Il mettait toujours trop de guirlandes, maman râlait en riant. On faisait des crêpes le matin de Noël, on ouvrait les cadeaux devant la cheminée. C’était magique. »
Ces moments ont permis à Laura de grandir avec ses deux parents présents, malgré leur séparation. « La Bretagne a sauvé notre relation familiale », affirme Nathalie. « À Paris, tout était compliqué : les emplois du temps, les nouvelles compagnes de Johnny, la pression médiatique. Ici, tout se simplifiait. On redevenait juste des parents aimants. »
Même avec Laeticia, Johnny revenait
Après son mariage avec Laeticia en 1996, Johnny a continué de venir en Bretagne, parfois seul avec Laura, parfois avec Laeticia et leurs filles Jade et Joy. « Laeticia comprenait que cette maison était importante pour Johnny et Laura », note Nathalie. « Elle a toujours été respectueuse de ça. On ne s’est jamais retrouvées toutes là-bas en même temps, mais il n’y avait pas d’animosité. »
Les dernières visites de Johnny dans la maison bretonne datent de 2015, deux ans avant sa mort. Affaibli par la maladie, il était venu passer quelques jours avec Laura. « Il voulait revoir l’océan une dernière fois », confie Nathalie, la voix brisée. « Il savait. »
Laura Smet : « Papa aimait cette maison autant que maman »
Pour Laura Smet, aujourd’hui 42 ans, cette maison bretonne représente bien plus qu’un lieu de vacances : c’est le symbole de l’amour intact de ses parents, malgré leur séparation, et surtout, le dernier refuge où son père était pleinement lui-même.
« Mes plus beaux souvenirs de papa sont bretons »
Dans une interview accordée à Paris Match en 2023, Laura confiait : « Quand les gens me parlent de Johnny Hallyday, ils pensent Harley, cuir, concerts géants, vie de rock star. Moi, mon papa, c’est celui qui me faisait des ricochets sur la plage bretonne, qui chantait faux Santiano en préparant les sardines au barbecue, qui s’endormait dans le hamac du jardin avec un polar. C’est ce Johnny-là que j’ai aimé, et c’est en Bretagne que je le retrouve encore. »
Laura vient régulièrement se ressourcer dans la maison familiale, souvent seule, parfois avec ses propres enfants. « Je leur raconte papy Johnny ici », dit-elle. « Je leur montre la chambre où il dormait, la véranda où il jouait de la guitare, les rochers où on pêchait ensemble. C’est ma façon de le garder vivant. »
Un pèlerinage annuel
Chaque année, autour de la date anniversaire de la mort de Johnny (5 décembre), Laura effectue un « pèlerinage breton ». Elle descend à la petite crique privée, allume une bougie qu’elle dépose dans une anfractuosité de rocher, et reste là, face à l’océan, à parler à son père. « Maman respecte ce rituel », précise-t-elle. « Elle me laisse la maison pour moi seule ces jours-là. C’est mon moment intime avec papa. »
« Cette maison devrait rester dans la famille »
Interrogée sur l’avenir de la propriété, Laura est catégorique : « Cette maison DOIT rester dans notre famille. C’est non-négociable. Maman en est officiellement propriétaire, mais c’est notre patrimoine commun, le seul endroit où papa, maman et moi avons été vraiment heureux tous les trois. Le jour où maman ne pourra plus s’en occuper, c’est moi qui prendrai le relais. Mes enfants, puis leurs enfants, doivent pouvoir connaître ce lieu. C’est l’héritage breton de Johnny Hallyday. »
L’héritage breton de Johnny : ce qu’il reste aujourd’hui
Huit ans après la disparition du Taulier, la maison bretonne reste figée dans le temps, comme un sanctuaire préservé de sa présence.
Les objets de Johnny encore présents
- La guitare Martin, toujours accrochée au mur de la véranda (Nathalie refuse de la déplacer)
- Sa collection de vinyles blues et rock rangée dans la bibliothèque du salon
- Son ciré jaune Aigle suspendu dans l’entrée
- Des photos de famille dispersées dans la maison : Johnny et Laura sur la plage, Johnny et Nathalie au marché de Concarneau, Johnny jouant au foot avec David (son fils aîné, venu quelques fois également)
- Un carnet de chansons retrouvé dans un tiroir, avec des paroles griffonnées en breton phonétique
La chambre de Johnny, intacte
Nathalie Baye a conservé la chambre de Johnny exactement comme il l’avait laissée lors de sa dernière visite en 2015. Le lit, les rideaux, même les livres sur la table de nuit (L’Étranger de Camus, Sur la route de Kerouac) sont restés en place. « Je ne peux pas toucher à ça », avoue-t-elle. « C’est comme s’il allait revenir demain. »
Un hommage discret dans le jardin
En 2018, pour le premier anniversaire de sa mort, Laura a planté un chêne dans le jardin breton, avec une petite plaque discrète : « Johnny – 1943-2017 – Il aimait cet endroit. » L’arbre grandit face à l’océan, ancré dans le granit breton, symbole de cette terre qui a su accueillir l’âme tourmentée du rockeur.
Les Bretons se souviennent
Dans les villages alentours, Johnny n’est pas oublié. « C’était quelqu’un de bien », témoigne le patron de la crêperie de Névez. « Pas de chichis, toujours poli, généreux avec les serveurs. Un jour, il a payé l’addition de toute la salle, comme ça, sans raison. On a gardé le ticket encadré au mur. » Au cimetière de Concarneau, certains habitants déposent encore des fleurs sur une stèle symbolique érigée en sa mémoire.
La maison bretonne de Nathalie Baye et Johnny Hallyday restera dans l’histoire comme le refuge secret d’un amour impossible mais éternel. Entre ces murs de granite face à l’océan, le mythe Johnny s’est effacé pour laisser place à l’homme, au père, à l’amoureux de la simplicité. Aujourd’hui, cette demeure finistérienne perpétue la mémoire du Taulier dans ce qu’il avait de plus beau : son humanité. Et tant que Laura viendra y chercher la présence de son père, tant que la guitare Martin restera accrochée dans la véranda, Johnny Hallyday continuera de vivre, porté par le souffle du vent breton et le bruit éternel des vagues.










